Cet arbre au tronc rouge se reconnait facilement dans le paysage. Il interpelle autant par ses jeux d’équilibriste hors pair qui lui donnent parfois des attitudes presque humaine. Enjambant ici le chemin, semblant tendre une main par là… son tronc qui donne l’impression d’une peau qui se desquame lui a valu le quolibet d’arbre à touriste. A moins que ce ne soit pour se moquer des touristes qu’on l’appelle comme ça à Cuba?

Le Gommier et le peau rouge

Pour comprendre, il faut remonter au début des années 60 à Cuba. La Révolution socialiste a eu lieu, le Ché, tout ça. C’est le moment où s’établissent les relations diplomatiques avec le bloc soviétique dans un monde coupé en deux par la guerre froide. Une aide est apportée par les alliés et c’est le début d’une vague d’immigration russe. D’ailleurs, elle se ressent toujours aujourd’hui dans les prénoms de certains cubains: Vladimir… ça sonne plus russe que espagnol! Donc ces russes débarquent dans l’île avec leurs peaux bien blanche. Sous le soleil, ça ne rate pas, elle prend vite une teinte rouge avant de peler, ce qui ne manque pas de faire penser au Gommier rouge, qui devient ainsi une source inépuisable de moquerie pour les nouveaux arrivants sur l’île et ce jusqu’à aujourd’hui: vous savez pourquoi on l’appelle l’arbre à touriste? La blague fonctionne à tous les coups!

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Crédit photo: Vincent Galante

Le Gommier rouge: pourquoi Gommier?

Comme le Gommier blanc, avec lequel il ne partage pas de lien de parenté pourtant, il excrète après incision un suc aromatique ou résine. Longtemps appelé élémi des Antilles ou gommart d’Amérique, cette résine a longtemps été utilisée dans la fabrication des vernis en Europe. Mais bien avant cela, elle était déjà connu des indiens caraïbes qui l’utilisaient en cataplasme sur les plaies, blessures, foulures et entorses. L’un des meilleurs vulnéraires!

Cette résine est également brûlée comme encens dans les cérémonies religieuses. Mais je n’ai pas pu toucher cette résine, puisque les arbres, en pleine forme, n’étaient pas blessés, même pas au niveau des racines qui jalonnent le chemin. Donc je les ai laissés tranquilles, mais je serai quand même bien curieuse de connaître son odeur et si elle est très différente de celle du Gommier blanc.

 

Le Gommier rouge et ses propriétés médicinales

La résine n’est pas la seule à voir des propriétés. En médecine traditionnelle, les feuilles et l’écorce sont également mises à profit. Elles sont réputées, en tisanes, pour faire baisser la fièvre.

La décoction des feuilles est employée pour soigner les maux d’estomac. En Guadeloupe, l’écorce séchée est associée avec d’autres plantes, notamment le thé pays et le koklaya comme remède antidiabétique.

Mais tout cela a-t-il été validé? Pas forcément, mais les recherches ont montré que les feuilles et l’écorce avaient bien des propriétés intéressantes, même si ce n’est pas forcément celles que l’on attendait.

Ainsi, l’extrait éthanolique des feuilles est anti-inflammatoire aussi efficace que les médicaments conventionnels, test comparatif à l’appui. Une action spasmolytique, calmante sur certains muscles a été mise en évidence. L’écorce est anti-fongique et peut donc être utilisée pour soigner les mycoses.

Je n’ai trouvé aucune information concernant les fruits par contre.

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Crédit photo: Xtine Kokokanel

Le Gommier rouge équilibriste

Typique de la forêt sèche (ou xérophile pour faire plus savant), on le trouve donc sur des terrains plutôt arides avec comme compagnes de galère des plantes comme les cactus ou les agaves. On croirait presque qu’il se contorsionne pour aller chercher l’eau dont il a besoin. Moins massifs que d’autres arbres aux racines solides et au tronc rugueux, il a pour lui une certaine agilité, s’implantant là où il peut, comme il peut. Je le vois un peu comme un acrobate qui a revêtu son habit de lumière, rouge brillant, même s’il a tendance à perdre ses paillettes.

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Merci à Xtine Kokokanel et à Vincent Galante qui ont tous les deux partagés leurs photos pour la réalisation de cet article! Si vous aussi vous voulez que vos plus belles photos soient publiées sur La Sorcière et le Médecin avec votre nom, il vous suffit de vous abonner à la page Facebook et de surveiller le post du dimanche qui annonce la plante de la semaine Clignement d'œil

    3 replies to "Le Gommier rouge (Bursera simaruba): l’arbre à touriste"

    • Isabelle

      Merci beaucoup pour votre travail ! On en découvre toujours plus sur notre belle amie Nature.

    • Dune

      Très interessant, merci !

      • Cécile Mahé

        Merci Dune!

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