« Partout à Java on rencontre la vendeuse de jamu, mais plus particulièrement à Solo et à Jogjakarta, dans le centre de l’île. Souvent très belle, elle a sur le dos, dans un panier d’osier, une dizaine de bouteilles aux tons chauds et un petit bidon d’eau en matière plastique ; à la main, un seau où surnagent quelques verres. Elle s’arrête dans les maisons, près de sa clientèle fidèle, et déambule sur les marchés. Un conducteur de becak lui fait signe. Alors elle s’agenouille, rince en hâte un de ses verres et lui verse un liquide ambré : potion spéciale pour becak, en d’autres termes : pour mieux pédaler! C’est 25 roupies, (environ 25 centimes), mais on peut en prendre pour cinq ou dix roupies, …si l’on est pauvre. » Véronique Daumont, 1977, Un monopole féminin menacé : le commerce des jamu in Archipel vol.13 n°13, p.263-266

 

« Jamu » désigne à la fois la médecine traditionnelle indonésienne et les remèdes à base de plantes (feuilles, racines, fruits) qui y sont liés. Ces jamus se présentent  sous formes solides ou liquides. D’origine obscure, le jamu a une connotation royale de tradition indonésienne, remontant au XVIIème siècle, où il était utilisé par les demoiselles du palace pour préserver leur beauté. Très vite, par l’intermédiaire des dukun (guérisseurs traditionnels), le peuple a découvert les vertus du jamu. Bien qu’influencée par l’Ayurveda de l’Inde, l’Indonésie présente une flore unique dont 6000 espèces sont considérées comme médicinales et utilisées dans le Jamu.

Où les trouver?

Dans beaucoup de grandes villes comme Yogyakarta (Java), ces remèdes traditionnels sont vendus dans les rues par des vendeuses ambulantes ou « jamu genong », dotées de paniers en osier remplis de bouteilles contenant des liquides de couleurs ocre ou dorées. Vous les trouverez également sur les marchés où les femmes les préparent « minute » en fonction des maux des clients, selon des recettes transmises oralement de génération en génération. Enfin, ces remèdes sont également fabriqués par des grandes entreprises comme Air Mancur, Nyonya Meneer or Djamu Djago, et vendus en supermarchés sous forme de sachets ou de comprimés.

Ancré dans les traditions familiales, 80 % de la population indonésienne  consomme quotidiennement cette « potion dite magique » aux vertus fantastiques.

 

Quelques exemples

Plusieurs types de jamu existent, couvrant pratiquement le spectre de nos maladies : Cabe Puyeng pour les rhumatismes, Gula Asem pour les carences de vitamine C, Beras Kencur contre la fatigue, Daun Malaria contre la malaria, Sawanan pour nettoyer le sang, Kunyit Asam pour la dépression, etc.  Le jamu a aussi des usages non liés à la santé, comme la cosmétique ou la diététique, mais pas seulement.

Les jamu ont acquis une mauvaise réputation liée à certains de leurs usages, notamment ceux visant à augmenter le plaisir sexuel pour les hommes, resserrer le vagin des femmes (Sari Rapat (“Essence of Tightness”), Rapat Wangi (“Tight and Fragrant”), Empot Ayam (“Tight as a Chicken’s Anus”). Dans un pays musulman, ces produits sont considérés comme immoraux.

 

La préparation du jamu

Voir la video sur Youtube

 

Les sources:

  • L’article de Véronique Daumont cité en intro
  • La gazette de Bali: http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/sante/quoi-de-neuf-docteur/les-jamu.html
  • Le site internet de Jamu Home Remedy: http://jamuhomeremedy.com/
  • Wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/Jamu

    2 replies to "« Jamu » la médecine traditionnelle indonésienne"

    • Laure

      Merci pour ce partage, on en apprend tous les jours et très belle rédaction.

      • Cécile Mahé

        Merci Laure! Avec plaisir 🙂

Leave a Reply

Your email address will not be published.