S’il est bien une fleur qu’il faut connaître lorsque l’on quitte Cuba, c’est bien celle-là. La Mariposa est la fleur nationale. Et quelle fleur ! Un symbole de résistance datant de la colonisation espagnole. Pour moi, ça sera plus modestement mon symbole de résistance à des journées de randonnées exigeantes sous la chape de plomb du climat tropical.

La Mariposa, je l’ai identifiée pour la première fois lors de la visite de l’orchidarium de Soroa, dans la province de Viñales (mais comment on met les accents espagnols sur les n sur ce clavier ???). Le guide désigne cette magnifique fleur blanche sous le pseudo de « fleur nationale » de Cuba. C’est donc elle dont parle mon lonely planet ! Ouah ! Elle a l’air d’une orchidée vu d’ici, en même temps, rien de choquant comme on est dans un orchidarium. Ceci dit, je lui trouve des feuilles bien élancées, façon balisier. Mais pas moyen de vérifier, une pelouse que je n’ose pas fouler nous sépare et le groupe avance au pas de course, suivant le rythme effréné du débit de la guide hispanophone. Heureusement, j’ai la traduction simultanée, quelle chance…

Mais, je réalise, la Mariposa… c’est elle que j’ai sentie à La Havane il y a quelques jours, dans la parfumerie au charme désuet. Une odeur très légère, qui ne m’a pas séduite. Bah, tant pis, elle et moi, on n’a juste pas d’affinité, ça arrive.

 

La semaine suivante, lors d’une randonnée de plusieurs jours dans le Parque Topes de Collantes, au-dessus de Trinidad, la Mariposa qui tient son nom cubain de sa ressemblance avec un papillon, était à nouveau au rendez-vous. Et quel parfum ! Mais quel parfum ! Entêtant, mais plus léger que le jasmin dont je le rapprocherais peut-être. A moins que ce ne soit la couleur de la fleur qui ne m’influence ? Le guide nous explique que les femmes ici se mette une fleur derrière l’oreille. Après quelques pas, je vois un avantage non négligeable à adopter la coutume locale. La transpiration de la journée, celle accumulée sur les bretelles du sac-à-dos… bref, je peux plus me sentir, et cette fleur vient à point-nommé pour apporter un brin de fraîcheur.

Mariposa, symbole de résistance face  l'occupation espagnole au 19°siècle
Mariposa, symbole de résistance face l’occupation espagnole au 19°siècle

 

Un soir, notre guide nous explique l’histoire de la Mariposa. Et pourquoi elle est devenue symbole national, symbole de résistance sous l’occupation espagnole. Tout simplement, à la fin du XIX° siècle, lors de la révolution cubaine contre les Espagnols, appelée aussi la « guerre des 10 ans », (1868-1878), les femmes passaient des messages pour informer les révolutionnaires réfugiés dans les montagnes. Elles roulaient les petits papiers dans la tige creuse de la fleur négligemment posée sur l’oreille, passant ainsi au nez et à la barbe des occupants !

 

Plusieurs jours de suite durant ce trek, au gré de la cueillette, la Mariposa et moi avons fait un bout de chemin ensemble : quelques dizaines de kilomètres tout de même ! Alors évidemment ça crée des liens. Cette odeur, associée étroitement aux journées de marche et aux magnifiques paysages cubains, je voulais absolument la ramener, la capturer. Je suis donc retournée dans ma parfumerie préférée pour me ramener un petit flacon, évocateur de paysages luxuriants- et aussi de courbatures, mais ça c’est moins drôle.

 

De retour à la maison, quelques recherches m’ont amenées à la conclusion que Mariposa, alias Gingembre papillon (Hedychium coronarium) n’était, un, définitivement pas une orchidée, mais appartenait à la famille des Zingibéracées, comme le gingembre que l’on mange, et deux qu’elle avait des propriétés médicinales intéressantes.

Hedychium-coronarium-gingembre-papillonSon huile essentielle est réputée calmante, voire même anti-dépressive. Elle serait même utilisée pour aider au sevrage tabagique. Sur un descriptif d’une marque commerciale trouvé sur Internet, j’ai même trouvé cette description que je trouve très jolie : « elle favorise l’ancrage en étant ouvert sur l’extérieur ; en olfaction elle procure un sentiment de volonté ». Bon, eh bien finalement, c’est pour ça que j’ai terminé le trek, grâce à la détermination procurée par Mariposa !

Elle peut apparemment aussi être utilisée en massage pour soulager les flatulences (un petit clin d’œil au rhizome de son cousin le gingembre, excellent pour tous les problèmes digestifs !).

 

Dans d’autres pays, d’autres utilisations de la plante sont faites que ce soit pour ses vertus médicinales ou culinaires (les fleurs utilisées comme condiment en cuisine pour parfumer). Par exemple, au Brésil, on utilise la décoction du rhizome comme un antirhumatismal. En Inde, on la vend sous forme d’extrait pour prévenir la cataracte. En médecine chinoise, Mariposa est utilisée pour les maux de tête, les douleurs inflammatoires, les rhumatismes. En Thaïlande, les feuilles bouillies sont appliqués pour soulager les articulations.

    8 replies to "Mariposa, Viva la Revolucion! (une fleur symbole de résistance)"

    • angschi

      Je possède une Mariposa de Vinales (Cuba) depuis 6 ans – notre fille s’est mariée la bas -. Malheureusement elle ne donne pas de fleurs. Merci pour la solution.

      • Cécile Mahé

        J’ignore où vous habitez, et dans quel climat… difficile de vous répondre!

    • Ambre Jade

      Bonjour

      Je suis à la recherche de colorants rouges comme le sang de dragon et autres plantes pour mes savons que je fais pour les miens ..
      Pouvez vous me dire que pouvoir trouver en plantes sèches de Cuba…

      Merci beaucoup ‘j’adore l’article

      • Cécile Mahé

        Bonjour, ce qui me vient directement à l’esprit est le roucou qui fournit un très beau colorant rouge. Je pense qu’on doit pouvoir le trouver séché sous forme de poudre mais je ne sais pas si ça pousse à Cuba (vu en Afrique et aux Petites Antilles)

    • RENE-CORAIL

      J’aime; merci pour ce que vous nous donnez.

      • Cécile (Louzou)

        Merci beaucoup! Ce sont des messages comme ça qui m’encouragent à partager et à continuer d’écrire. Une belle journée à vous

    • Vincent

      Merci pour cet article, il me fait voyager avec un peu d’avance sur l’île de Cuba que je vais bientôt rejoindre pour les vacances 🙂

      A mon tour de te donner des infos, pour le ñ c’est [Alt Gr]+[2] et après tu appuies sur « n ».

      • Cécile (Louzou)

        eh eh, problème résolu! Merci beaucoup Vincent, tous les conseils sont les bienvenus, même en informatique 😉 Bonnes vacances à Cuba!

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